Kaerder eus Amheol était dans sa chambre, à sa fenêtre. Dehors, il pleuvait des cordes et des cordes depuis des heures. Et elle restait dans sa chambre, à rien faire... Au sous-sol, un endroit qui lui était interdit tout comme le rez-de chaussé, les cuisiniers s'affairaient, comme des fourmis, dans les salles de réceptions, les bonnes mettaient les couverts et dressaient les tables...quant à Kaerder eu Amheol, la jeune fille dans la tour, elle ne faisait RIEN. Rien...qu'y-avait-il de mieux à faire? Tout. Elle aurait bien voulut travailler aux cuisine, ou bien dresser la table, ou bien vivre dans une famille à la campagne... Mais non. Elle était là, dans sa tour qui lui était réservée, et elle était seule. Seule et sans parents. Son tuteur, Kreist, était partit pour la journée dans la ville voisine, sa confidente Maywé n'était pas là non plus...
Dans le ciel, arrivant vers le château, des nuages. Noirs, énormes, menaçants. Un orage? Et Kreist qui n'arrivait pas...
Quelle horrible journée, se disait Kaerder eus Amheol.
- Mademoiselle, veuillez descendre pour dîner.
La voix était tranquille, calme, neutre...froide et impersonnelle...bref: artificielle. Tous lui parlaient ainsi au palais.
- Oui, j'arrive...
Kaerder eus Amheol se leva. Près de la porte, la femme attendait. Elle sortit et la servante vint à sa suite. Elle descendirent les escaliers en colimaçon de la tour, arrivèrent dans un grand salon aux murs et aux canapés rouges sangs. Des vitraux multicolors assombrissaient chaque pièces qu'ils traverssaient. Il y en avait à chaque fenêtre au château...pour protéger ses habitants de la lumière du jour.
Elles arrivèrent bientôt à une salle immense où des convives étaient déjà attablés à une table en bois sombre.
Le repas était joyeux. Tous riaient, buvaient (du sang, bien sur), mangeaient (une orgie de faisan)... Kreist n'était pas là. Des yeux planaient sur Kaerder eus Amheol. Un vieux noble l'approcha même et lui demanda qui étaient ses parents.
- Mon père, Kreist, n'est pas là, ce qui m'inquiète. Je vais donc sortir le chercher.
Elle se leva. Quelques servantes qui aidaient Kreist à l'empêcher de sortir eurent un mouvement de panique que ne manquèrent pas de remarquer une bonne dizaine de nobles à l'affut. Elle ne leur prêta aucune attention et se dirrigea à grands pas vers l'esclalier d'honneur qui, collossal, se trouvait à l'autre bout de la grande salle de dîner.
Quelques volées de marches plus tard, elle arriva dans un hall couvert de tapisseries à la gloire des seigneurs vampyres des siècles passés. Une porte l'attendait à l'extremité d'un tapis brodé, une porte vers laquelle elle courut, manquant de tomber en se prenant les pieds dans le tapis. Elle l'atteint bientôt, mystérieuse et magnifique (la porte était faite de bois sombre aux reflets d'or), porte qu'elle n'avait jamais franchie.
Le coeur battant, elle posa sa main sur la poignée et s'engouffra dans l'air glacé du dehors...